« Entre les murs », chronique d'une classe de quatrième
La 71ème édition du Festival de Cannes a eu lieu en mai 2018. Il y a dix ans, le public découvrait un film atypique : « Entre les murs ». Le jury, présidé par Sean Penn, décidait à l’unanimité de lui attribuer la Palme d’Or. L’année suivante, le film recevait de nombreuses récompenses internationales : Oscar du cinéma, César du cinéma, David di Donatello.
« Entre les murs » est l’adaptation d’un livre de François Bégaudeau. Ce jeune auteur est professeur de français dans un collège, où différentes cultures se mélangent. Pour rédiger son livre, il a pris des notes durant ses années d’enseignement. Le récit retranscrit, le temps d’une année scolaire, les répliques de ses élèves mais également ses relations avec ses collègues.
Lors de sa publication en 2006, le livre rencontre un succès important, notamment auprès des enseignants. Ceux-ci apprécient l’optimisme de l’auteur et la justesse de son propos. François Bégaudeau ne cherche pas à rédiger un livre pédagogique mais à partager sa propre expérience. Très vite, l’idée de faire un film tiré du livre se développe.
La réalisation est alors confiée à Laurent Cantet et l’histoire est légèrement adaptée : le spectateur découvre une classe de 4ème dans un collège dit « difficile » du 20ème arrondissement de Paris. Pendant un an, le film suit François, un jeune professeur de français, ainsi qu’Esmeralda, Souleymane, Khoumba et les autres élèves de la classe.
Tel un documentaire, « Entre les murs » aborde des sujets de la vie d’une classe de collège : les leçons à apprendre et les devoirs à rendre, les bonnes et les mauvaises notes, les conseils de classe et les rencontres parents-professeurs. Cependant, il s’agit bien d’une fiction car les professeurs et les élèves sont des acteurs.
Dans cette classe de 4ème, le rapport entre le professeur et les élèves est souvent tendu, conflictuel. Pour faire face à cette situation, François a une stratégie : les faire parler. Parler et bouger, ce sont souvent les corps entiers qui entrent en action. Haussement de ton et agitation des mains constituent ainsi une expression musicale et chorégraphique.
Le parti-pris de François est clair : il faut sortir du cadre académique et pousser les adolescents jusqu’à leurs limites afin de les motiver. La parole occupe donc une place importante entre les murs de cette salle de classe. Les adolescents parlent du quotidien, d’injustice et de discrimination.
L’apprentissage de la démocratie passe donc par la parole mais elle comporte des risques. Comment réagir face à un parent d’élève qui ne parle pas français ? Que faire face à l'égoïsme et au manque de solidarité entre les adolescents ? Quelle attitude avoir face à un collègue qui craque dans la salle des professeurs ?
« Entre les murs » est un vecteur de réflexion pour tous : enseignants, élèves, parents, etc. Le succès du film repose sur la sobriété de la mise en scène et surtout sur les jeunes comédiens, qui jouent avec crédibilité leurs rôles de composition. Sans la bande originale, on se croirait dans la réalité.