Camille Claudel, 1915
Dans ce film, le cinéaste Bruno Dumont, fidèle à sa radicalité de ton, chronique trois jours de la vie de Camille Claudel, figure d’exception réduite au silence. Au coeur de l’hiver 1915, Camille, recluse de force par sa famille dans un asile du Sud de la France depuis deux ans, attend la visite de son frère Paul, dont elle espère qu’il la sortira de l’enfer de l’internement psychiatrique. Le film resserre la focale sur ces trois jours où elle ne vit plus que dans l’attente de cette visite, dont elle espère tant. Au premier plan, une femme qui crie à l’injustice, qui oscille entre colère et compassion, entre lutte et résignation, avec en filigrane son syndrome de persécution, sa paranoïa.
Une magistrale Juliette Binoche, émaciée, le regard vide, bouleversante comme jamais, nous transmet la souffrance et la détresse absolue de Camille.
En entourant l’actrice de vrais malades mentaux aux réactions incontrôlables, Dumont nous emmène au plus près du calvaire vécu par la sculptrice.
Son frère est son dernier recours contre l’injustice dont elle est victime. Mais son trop plein d’espoir sera vite balayé par l’attitude glaciale et cruelle de son frère.
Une meurtrissure sans fin. Tout le récit s’inspire librement des archives médicales de Camille Claudel et de sa correspondance, ainsi que des oeuvres de Paul Claudel. Touchant.
Niveau: B1