Carrières de lumières
Fini le temps où l'on se rendait au musée pour admirer des objets disposés dans des vitrines. Si les musées offrent désormais des expositions moins conformes aux standards habituels, c'est, entre autres, parce que l'offre culturelle s'est diversifiée : les institutions muséales se retrouvent en compétition avec une multitude d'événements artistiques à sensations fortes : cinéma 3D, spectacles à grand déploiement, cirque…
L'heure est donc à l'expérience immersive: on « plonge » dans l'installation, on vit une expérience, on devient partie prenante de l'œuvre. « On ne va plus voir une exposition, on va vivre une expérience muséale ! », observe Dominique Gélinas, chargée de cours en muséologie à l'Université Laval et à l'Université de Sherbrooke.
C’est donc l'émotion qui prime. Les « Carrières de Lumière » qui se trouvent au coeur des Alpilles, aux Baux de Provence, offrent aujourd’hui un site exceptionnel pour proposer ce nouveau type d’exposition immersive. Ces anciennes carrières de roche calcaire creusées par la main de l'homme depuis l'époque romaine ont cessé d’être exploitées en 1935 avec l’apparition de nouveaux matériaux tels que le béton.
En 2011, la ville des Baux-de-Provence confie la gestion de ces célèbres Carrières, rebaptisées
« Carrières de Lumières » à Culturespaces, cette association qui combat depuis 2009 l’exclusion culturelle dont sont victimes certains enfants malades, invalides ou fragilisés par la pauvreté et l’émargination sociale. Le site devient alors le support d’expositions artistiques uniques en leur genre qui misent sur le numérique comme vecteur d’émotions et sont adaptées à tous les publics. Grâce à des projecteurs lasers de haute technologie, des tableaux sont projetés sur les murs des carrières de 14 mètres de hauteur.
Après « Gauguin, Van Gogh, les peintres de la couleur » en 2012, «Monet, Renoir, … Chagall. Voyages en Méditerranée» (2013), « Klimt et Vienne. Un siècle d’or et de couleurs » (2014), « Michel-Ange, Léonard de Vinci, Raphaël. Les Géants de la Renaissance » (2015) et « Chagall. Songes d’une nuit d’été » (2016), la création de cette année est réalisée par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi avec la collaboration musicale de Luca Longobardi et s’intitule « Bosch, Brueghel, Arcimboldo. Fantastique et Merveilleux ». Il s'agit de 3 artistes du XVIème siècle à l'imagination débridée qui partagent à la fois une grande finesse d'exécution dans le dessin et une inventivité débordante. À l'imaginaire halluciné de Bosch et à la créativité des visages improbables d'Arcimboldo répond la trivialité joyeuse d'un Brueghel ancrant ses multiples personnages dans le réel.
Le temps d'un spectacle d'une trentaine de minutes, riche de plus de 2000 images numériques projetées sur 7000 m2 de surfaces, les Carrières de Lumières se peuplent d'innombrables créatures fantastiques et figures allégoriques : toute la vanité de l’homme, ses tentations et ses vices sont les thèmes qui traversent l’oeuvre de Bosch, Brueghel et Arcimboldo avec un sens aigu du détail qui nous touche encore aujourd'hui. Ces images de grand impact impriment un sentiment d’autant plus prégnant qu’elles sont accompagnées d’une bande-son qui oscille entre musique classique et moderne avec les Carmina Burana d’Orff, les Quatre Saisons de Vivaldi revisitées par Max Richter, Mussorgsky ou encore Led Zeppelin.
Devant le succès de ce concept de diffusion culturelle, l’association Culturespaces a décidé de proposer l’« Atelier des Lumières » à Paris qui s’ouvrira d’ici peu dans le XIème arrondissement. Ce projet s'inscrit également dans une volonté de revalorisation d’un site, une ancienne fonderie du XIXème siècle qui sera réhabilitée et reconvertie en espace culturel qui respecte la structure métallique originelle pour diffuser plus largement l’art, tout en proposant une solution innovante.
Pour se faire une idée de ce type d'expérience immersive, consultez :
//www.youtube.com/watch?v=UkoH_t-PRoM