Et revoilà le clan Malaussène !
Le cas Malaussène, tome I : Ils m'ont menti (Gallimard) est le roman que tout le monde attendait !
Et comme pour se justifier de nous avoir tant fait languir, Daniel Pennac, avec une certaine malice, choisit comme épigraphe une citation de son ami Christian Mounier, l’un des directeurs de la « Série noire » de chez Gallimard: « J’écris comme on se noie, c’est-à-dire très rarement ».
Allez, on lui pardonne d’avoir attendu si longtemps puisque la tribu Malaussène est de retour !
Le cas Malaussène est une promesse de « madeleine » pour tous ceux qui ont dévoré les péripéties de Benjamin Malaussène et des siens commencées en 1985 avec Au bonheur des ogres et se poursuivant le long de six romans jusqu’au septième Aux fruits de la passion en 1999. Il revient avec quelques-uns des personnages fameux qui égayaient ses pseudo-polars précédents.
Quel bonheur de retrouver cette famille aux personnages tous plus originaux les uns que les autres, avec des idées bien à eux, cette famille disparate et ô combien unie !
La tribu a toutefois évolué : ils ont vieilli, se sont mariés, ont fait des études, ont fait des enfants et ont apparemment un dessein commun, protéger Malaussène de leurs frasques qu’il fait siennes, car même si le temps a passé, ce dernier a toujours tendance à se retrouver dans des combats qui ne le concernent pas.
« Par les temps qui courent, moi, Benjamin Malaussène, je vous mets au défi, qui que vous soyez, où que vous vous cachiez, quel que soit votre degré d’indifférence aux choses de ce monde, d’ignorer la dernière nouvelle, celle qui vient de sortir, la bien bonne qui va faire causer la France et grésiller les résosocios* (…) : on a enlevé Georges Lapietà ».
Cette fois encore, Daniel Pennac expose le protagoniste et son entourage aux rebondissements d’une intrigue policière : l'enlèvement d'un grand patron véreux, marié au sosie de Claudia Cardinale, dont les ravisseurs réclament au centime près le montant de son « parachute doré »…
Et parallèlement, l’histoire d’Alceste, un écrivain poursuivi par la vindicte familiale parce qu’il accuse ses parents adoptifs de lui avoir menti (d’où le titre du livre) et que Benjamin cache dans son Vercors bien-aimé selon les injonctions de la reine Zabo. Elle prend en effet à coeur d’assurer la protection de son cheptel d’écrivains addicts à la « vérité vraie », les « Vévés » qui assure de gros bénéfices aux éditions du Talion.
Il serait trop compliqué de résumer cette histoire qui mélange des intrigues aux multiples rebondissements en mettant en scène les personnages de la saga ; certains, il faut le reconnaître, ont été momentanément oubliés mais Pennac rappelle leur identité dans un glossaire en fin de volume.
D’ailleurs l’histoire n'a aucune espèce d'importance ou d'intérêt. On s'en fiche ! On se plonge avant tout dans les romans de Pennac pour être portés par le rythme de la narration avec ce ton un peu anar très reconnaissable, ces personnages hauts en couleurs que l’on retrouve avec sympathie.
Ce qui compte aussi, c’est qu’Alceste prépare un second livre, Leur très grande faute… On peut donc s’attendre à une jolie suite qui, on l’espère, arrivera rapidement en librairie !
« Chouettos ! », comme dirait Manin, le nouveau second du capitaine Adrien Titus.
*[NDLR] réseaux sociaux