Ex Anima : le Théâtre Equestre Zingaro
Pionnier d’une expression artistique inédite mêlant art équestre, musiques, danse et comédie, Bartabas a créé en 1984 le Théâtre Equestre Zingaro ; Zingaro étant le nom du cheval noir (frison), fétiche de la troupe. Cette collaboration artistique entre l’homme et l’animal respecte avant tout le cheval. « Ils sont au centre de toutes nos attentions. Le rythme des spectacles, c'est eux qui nous le dictent : cinq représentations par semaine, jamais deux par jour. L'intégrité du cheval prime toujours. Le dépassement de soi en tant qu'artiste, je veux bien. Mais des chevaux, jamais », déclare Bartabas. De cette relation unique résultent des spectacles oniriques à l’esthétique émouvante.
Dans sa nouvelle création, Ex Anima, Bartabas ne s’intéresse plus à la virtuosité de l’équitation académique d’école qui a souvent été à la base de ses créations précédentes, il veut plutôt rendre hommage aux chevaux. « Pour cette ultime création, je souhaitais les célébrer comme les acteurs véritables de ce Théâtre Equestre », commente Bartabas dans une conférence de presse.
Donc, pas de prouesses équestres mais de l’émotion offerte par les mouvements naturels, la grâce des chevaux, guidés discrètement par des hommes vêtus de noir de la tête aux pieds, presque invisibles, se fondant dans la pénombre du bord de la scène. Ces hommes sont les humbles servants des héros magnifiques qui évoluent sur la piste. Bien sûr, ces derniers n’auraient pu, sans un long travail réparatoire, accomplir les merveilles qu’ils proposent une heure trente durant dans Ex Anima. Mais le spectacle donne au public l’illusion d’une parfaite liberté, comme si seuls les chevaux décidaient leurs évolutions.
Lorsque les chevaux s’ébrouent, se roulent sur le sol, se reniflent, se taquinent ou se défient sur la piste de sable noir, on est bien en peine de déterminer s’il s’agit de scènes répétées ou de totale improvisation. Aux sons des flûtes de Chine, d’Irlande, d’Inde et du Japon, ils emmènent le spectateur au plus près de ce qu’ils sont, laissant exprimer leur animalité dans des cavalcades et des moments de tendresse complice. Tout contribue à donner l’illusion d’assister à une série de tableaux qui évoquent un temps où hommes et bêtes vivaient côte à côte sans aucune domination d’une espèce sur une l’autre.
Ces spectacles de Zingaro qui jouent sur différents registres artistiques sont autant d’invitations au voyage qui donnent au spectateur l’impression étrange de flotter un peu dans un rêve.