L'abolition de l'esclavage de François-Auguste Biard
L'Abolition de l'esclavage dans les colonies françaises en 1848 ou L'Émancipation des Noirs ou Proclamation de la liberté des Noirs aux colonies est un tableau réalisé par le peintre français François-Auguste Biard en 1849.
L’artiste, qui a fait ses études à l'école des Beaux-Arts de Lyon, a beaucoup voyagé en Europe (en Italie et en Grèce), en Asie (au Japon) et dans le « nouveau monde » (au Brésil et en Amérique du Nord). Il est surtout connu pour les peintures issues[1] de ses voyages mais également pour sa représentation de l'esclavage, de la littérature, de la Bible et de l'Histoire.
Ce tableau est une huile sur toile de grande taille, il est aujourd’hui conservé au Musée National du Château de Versailles et il représente un événement historique, c’est-à-dire l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises américaines suite au décret du 27 avril 1848. Grâce à cette décision 250 000 esclaves ont retrouvé leur liberté, même s’il a fallu attendre 1905 pour que l'esclavage soit aboli aussi dans les colonies africaines.
À gauche, on peut voir des marins débarquant sur l'île en provenance de la métropole en compagnie d’un délégué du gouvernement qui tient le texte du décret dans sa main gauche, alors qu’un autre personnage tient un drapeau français.
Dans la partie centrale du tableau on voit des esclaves à genoux devant le député, mais les personnages principaux sont deux esclaves debout : il s’agit d’un couple. Alors que la femme enlace l'homme, ce dernier brandit au ciel des chaînes[2] qu'il semble avoir brisées[3], allégorie de la liberté obtenue.
À droite, on aperçoit[4] des planteurs[5] et leurs familles qui assistent à la scène, tandis qu’une autre esclave est agenouillée[6] devant deux femmes vêtues de blanc, ses anciennes propriétaires, qui lui adressent un geste protecteur.
À l'arrière-plan[7] on voit des palmiers, des plantations[8] (sûrement de la canne à sucre), la forêt tropicale qui se perd dans la brume matinale et enfin des montagnes plutôt désertiques.
Le peintre représente une sorte d’harmonie, de réconciliation sociale entre les esclaves et la société coloniale, mais cette image est une pure idéalisation de la réalité et on pourrait presque considérer cette toile comme une peinture de propagande. Voilà pourquoi Lilian Thuram et Pascal Blanchard ont écrit, dans la postface du catalogue de l’Exposition « Le Modèle noir, de Géricault à Matisse » qui a eu lieu en 2019 au Musée d’Orsay, que « ce tableau glorifie l’action des Blancs qui libèrent les Noirs. Comme si c’était leur idée, comme si les Noirs n’y étaient pour rien. Comme si les révoltes n’avaient pas existé. »
Claudia Casazza
[1] issu : derivante, scaturito
[2] une chaîne : una catena
[3] briser : spezzare
[4] apercevoir : scorgere
[5] un planteur : un coltivatore, proprietario delle piantagioni
[6] agenouillé : inginocchiato
[7] l’arrière-plan : lo sfondo
[8] une plantation : una piantagione