Il fallait cette belle histoire pour bien terminer l’année 2016 qui, à bien des égards, s’est révélée une année porteuse de mauvaises nouvelles.

Et bien, l’ouverture du restaurant Le Reflet à Nantes a quelque chose d’extraordinaire, quelque chose qui s’inscrit parfaitement dans la magie d’une fin d’année : après une semaine de rodage, le restaurant Le Reflet a ouvert ses portes, le 20 décembre, dans le centre de Nantes. Vous pourriez penser qu’il n’y a rien d’extraordinaire en cela mais il s’agit d’un projet de restaurant où des personnes atteintes de trisomie 21 sont employées en salle comme derrière les fourneaux ; ces personnes « extraordinaires » sont souvent mises à l’écart dans notre société mais ont ici une chance de se former et de travailler au sein d’un environnement professionnel mêlant des personnes trisomiques au reste de la société.

C'est Flore Lelièvre, une jeune femme de 26 ans, architecte d’intérieur et dont le frère est atteint de trisomie 21, qui a eu cette idée. "Je connais la difficulté d'intégration des personnes handicapées. Je voulais créer un lieu de rencontre, un lieu où on se sent bien et où la différence s'évapore" et « Nous avons appelé le lieu Le Reflet, car les personnes qui y travaillent sont notre reflet, une version plus innocente de nous ».

C’est en effet avant tout l’humain qui est au coeur de l’initiative : il existe certes déjà des personnes trisomiques employées en milieu ordinaire et leurs collègues sont les premiers à apprécier chez eux leurs qualités de jovialité. Le but n’est donc pas de convaincre que les personnes différentes sont capables de travailler mais qu’elles peuvent apporter une plus-value humaine importante.

Forte de cette conviction, la jeune créatrice s’est démenée pour récolter des fonds auprès de particuliers et d'entreprises et a réussi à développer son projet, unique en France.

Deux cuisiniers et quatre serveurs trisomiques ont été recrutés pour travailler dans le restaurant avec le soutien bienveillant d'une chef cuistot et d'un gérant. "Ils auront (de plus) un contrat de 24 heures par semaine, avec un salaire comme tout le monde, indexé sur le smic", précise Flore Lelièvre.

Le restaurant qui entend appliquer « la discrimination à l’envers » réorganise la gestion du service à table : pour pallier les difficultés de lecture, d’écriture ou d’élocution que peuvent rencontrer les personnes trisomiques, Flore a mis au point un système de tables spécifique : une couleur appliquée aux coins des tables permet à chaque employé de reconnaître son secteur, et les assiettes en porcelaine sont dotées d’empreintes de mains moulées pour en faciliter la préhension puisque les personnes trisomiques ont une moins bonne sensibilité proprioceptive. De plus, le menu présenté aux clients propose les plats en photo et les clients sont invités à cocher la photo des plats qu’ils ont choisis. Enfin, un petit salon est aménagé au fond du restaurant pour permettre d’organiser confortablement les débriefings mais aussi les pauses massages.



Caroline, Maxime et Pauline, qui font partie des employés, sont ravis de ce nouveau travail. "On doit servir la salle, mettre en place les couverts, dire bonjour aux gens et donner à manger. Les clients sont géniaux et je suis très contente!" s'enthousiasme Pauline. Caroline ajoute : « Ça me motive les compliments. Je grandis, j’avance. C’est comme le début d’une nouvelle vie. » Flore Lelièvre est aussi très satisfaite. "Ils sont motivés, ils ont envie de montrer qu'ils sont capables, c'est une grande leçon de vie", sourit-elle.

Preuve de la réussite du projet : depuis son ouverture, le restaurant Le Reflet affiche tous les jours complet.