LEJ, une grande révélation musicale née sur internet
Elles s’appellent Lucie, Elisa et Juliette et sont connues sur la toile sous le nom d’E.L.J. (ou Elijay). En août 2015, les trois étudiantes de 22 ans originaires de Saint-Denis publient sur YouTube la vidéo Summer 2015. Le clip, tourné sur la plage de Lacanau le long des côtes aquitaines, révèle le talent de ce trio de voix d’or qui propose un mash-up de onze tubes universels totalement réinventés dans différents registres reggae ou urbain et, très vite, obtient 40 millions de vues.
//www.youtube.com/watch?v=u4zb6LUehwY
Cerise sur le gâteau, une journaliste du Time, charmée par la performance, consacre au groupe un article élogieux et les événements s'enchaînent alors à toute allure. Quel est leur secret ? Lucie, Élisa et Juliette, qui s’accompagne de son violoncelle, maîtrisent les techniques vocales de l'opéra, avec des voix puissantes, deux octaves chacune. Toutes les trois dotées d’une solide formation classique et fans de rock, de reggae ou de hip-hop, ces copines depuis l’enfance à Saint-Denis (« et oui, il y a des gens qui font de la musique à Saint-Denis ! », déclare Juliette) ont toutes plus ou moins rêvé de devenir chanteuses. Encouragées par des parents mélomanes, elles ont remporté un concours il y a deux ans et chanté pour l’occasion devant trois mille personnes. Devant l’enthousiasme du public elles ont décidé de publier sur leur page Facebook des vidéos de reprises.
« Franchement, il y a de quoi rire ! Notre but n’est pas de devenir des stars », répète Juliette, la violoncelliste, un peu angoissée à l’idée de devoir faire des selfies à vie.
//www.youtube.com/watch?v=6HqmUCVP-S8
Et pourtant, leur fraîcheur, leurs voix solaires, leur musicalité ont fait le buzz sur le net. Après avoir revisité les tubes d'aujourd'hui comme Get Lucky de Daft Punkou Lean On de Major Lazor et la sortie de leur premier album de reprises, deux fois disque de platine, les « trois filles complètement banales » comme elles aiment se définir composent leurs propres chansons et remplissent les plus grandes salles françaises comme l’Olympia, La Cigale, les Zénith et le Printemps de Bourges.
Malgré leur jeune âge et ce succès fulgurant qui les projette dans le monde du spectacle souvent jugé superficiel, elles apprennent à gérer leur carrière et n’en négligent pas ses aspects pragmatiques ; pour preuve, Elisa s’est mise à relire méticuleusement les contrats et la législation et a décrété qu’elles devaient s’inscrire et cotiser aux intermittents du spectacle. C’est aussi cela, aujourd’hui, le métier d’artiste.
Cette maturité s’affirme également de plus en plus dans les thèmes abordés dans leurs chansons et notamment dans leur titre La Dalle aux paroles ambiguës, qui se réfère aux harcèlements sexuels, « la drague à l’arrache, la drague crue » dont sont souvent victimes les femmes, interpellées et « traitées comme des steaks proposés sur un menu ». Elles aussi sont prêtes à tout croquer: « J'ai la dalle ce soir. Je boufferai n'importe quoi ».
Côté musique, les arrangements sont toujours aussi minimalistes, sublimés par le violoncelle de Juliette tandis que leurs voix sensuelles s'accordent à merveille aux paroles suggestives. De quoi leur assurer un nouveau buzz bien mérité.