Louise Weiss et ses combats pour la paix, les femmes et l’Europe
Louise Weiss est née le 25 janvier 1893 à Arras dans une famille de la grande bourgeoisie libérale et républicaine.
Son père est un ingénieur des mines[1] d’origine alsacienne, sa mère, par contre, est issue[2] d’une famille alsacienne d’origine juive[3], tchèque et allemande.
Louise passe sa jeunesse à Paris, où elle fréquente les meilleurs établissements[4] scolaires
Malgré l’avis de son père, peu favorable à l’éducation des filles, en 1914, elle obtient l’agrégation[5] de lettres. Plus tard, elle obtient un diplôme en théologie à l’université d’Oxford et tout de suite après, elle devient journaliste et s’intéresse aux relations internationales.
Pendant la Première Guerre mondiale, elle s’engage[6] comme infirmière et crée un dispensaire[7] pour soigner les soldats blessés au combat.
Marquée par les horreurs de la Grande Guerre, à la fin du conflit, elle commence à se battre pour la construction de la paix en Europe : en 1918, elle participe à la création de la revue hebdomadaire[8] « L’Europe nouvelle » dont elle sera rédactrice en chef de 1920 à 1934. En 1919, elle assiste à la cérémonie de signature du traité de Versailles et dans les années suivantes, elle couvre l’actualité de la Société des Nations (née en 1920), où elle fait la connaissance de Jean Monnet, l’un des pères fondateurs de l’Europe.
En 1930, elle fonde à Paris la nouvelle École de la Paix, un établissement privé d’enseignement supérieur qui organise des conférences et des débats sur les relations internationales, l’économie, les grandes questions politiques, culturelles ou sociales de l’époque.
Toutefois, elle abandonne le journalisme en 1934, après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, car elle estime que cet événement rendra désormais impossible tout projet de paix et de rapprochement[9] européen.
Dans les années 1930, elle commence sa lutte pour l’émancipation des femmes et organise des manifestations de suffragettes pour obtenir le droit de vote et l’égalité des droits civils et politiques.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle va aux États-Unis collecter des vivres et des médicaments pour la Croix-Rouge française, mais à son retour en France, elle doit lutter contre la montée[10] inquiétante de l’antisémitisme. Heureusement, elle échappe aux persécutions, parvenant même à sauver certains de ses amis.
Dans les années 1950, elle voyage à travers le monde et réalise des films documentaires ethnographiques dans le but de faire connaître aux européens des civilisations éloignées[11] du Vieux Continent.
Au cours de cette période, elle écrit des romans, des pièces de théâtre, des essais[12] et des récits de voyage. C’est également une écrivaine mémorialiste et une conférencière. Pour ses Mémoires d’une Européenne en six tomes elle reçoit en 1978 la médaille d’or du Prix Robert Schuman.
En 1979, elle préside à Strasbourg la séance[13] constitutive du nouveau Parlement européen et prononce un discours d’inauguration dans lequel elle déclare qu’il est crucial que tous les Européens s’unissent, non seulement au nom d’intérêts économiques partagés[14], mais aussi de leur culture commune.
Elle meurt en 1983 et depuis 1999, le bâtiment[15] qui abrite[16] l’hémicycle du parlement Européen et les bureaux des députés à Strasbourg porte son nom. Il s’agit d’un édifice entièrement vitré, symbole de la démocratie ouverte et transparente pour laquelle Louise Weiss a lutté toute sa vie.
Claudia Casazza
[1] Une mine : una miniera
[2] Issu : proveniente
[3] Juif : ebreo
[4] Un établissement : un istituto/un’istituzione
[5] Agrégation : abilitazione all’insegnamento superiore
[6] S’engager : impegnarsi
[7] Dispensaire : ambulatorio medico
[8] Hebdomadaire : settimanale
[9] Un rapprochement : avvicinamento
[10] Une montée : un’ascesa
[11] Éloigné : lontano
[12] Un essai : un saggio
[13] Une séance : una seduta
[14] Partagé : condiviso
[15] Un bâtiment : un edificio
[16] Abriter : ospitare, accogliere