Depuis 2001, le lycée francophone Tevfik Fikret d’Ankara pratique une expérience formidable : chaque jour, à heure fixe et pendant 15 minutes, tout s'arrête comme par enchantement : chacun s'immobilise et se met à lire. Les élèves du CP à la Terminale ainsi que tous les membres du personnel qu’il soit enseignant ou administratif doivent se plier à ce rituel quotidien.

Ainsi, quand sonne la cloche, on est libre de bouquiner ce qu’on veut (des BD, de la science-fiction, des romans,…) sauf des manuels scolaires ou des magazines. Dans la cour, les classes ou les couloirs, chacun a le nez plongé dans une lecture. Le livre est donc devenu pour tous un objet du quotidien, une habitude et même un plaisir.

La première année, la durée du temps de lecture avait été fixée à 10 minutes. Au terme de cette première année les élèves enthousiasmés ont demandé de la prolonger à 15 minutes. Elle est depuis restée à 15 minutes.

Devant le succès évident de cette initiative, plusieurs collèges et lycées de France ont lancé à leur tour une opération analogue appelée Silence on lit !

Ce slogan pourrait sonner comme un ordre, mais Florence Robine, rectrice d'académie du Grand Est, le définit comme étant « davantage une invitation qu'un ordre. Au début, il faut quand même forcer la nature, sinon c'est difficile de rentrer dans l'univers des livres ».

Les bénéfices de la lecture sont multiples. Elle offre à celui qui la pratique régulièrement un plaisir et une meilleure compréhension du monde et contribue à enrichir ses propres moyens d’expression. Passer de rien du tout à un peu de lecture permet de multiplier son lexique par deux. De plus, selon une étude britannique, 76% des lecteurs se déclarent plus sereins et heureux grâce à la lecture ; lecture et méditation activeraient les mêmes zones du cerveau.

Aux bienfaits de la lecture, s’ajoutent ceux qu’apporte le silence. Ce dernier ouvre une parenthèse bénéfique dans la pollution sonore qui caractérise nos sociétés contemporaines. Faire le silence est un acte significatif qui apaise et permet de se retrouver soi-même en faisant abstraction du reste. De fait, tous les enseignants concordent à dire que ce quart d’heure qui interrompt la leçon n’est pas du temps perdu puisqu’après la pause-lecture, les élèves sont beaucoup plus réceptifs au cours qui reprend.

Aujourd’hui, Silence, on lit ! a été adopté par plus d’une centaine d’établissements.