Un Delerm sinon rien
Cela va sans Lire
Après avoir clairement zappé la rentrée littéraire (« Quoi, t’as pas lu le dernier Nothomb ? Non. Et le dernier Modiano ? Non plus. »), je rebaptise la rentrée « les incontournables de l’automne ». Voilà, ça me laisse plus de temps. J’ai la chance d’aller en France ce mois-ci, je passe donc à la librairie. Ma liseuse larmoie. Je choisis Je vais passer pour un vieux con et autres petites phrases qui en disent long de Philippe Delerm. 123 pages, c’est parfait, l’étagère de ma bibliothèque évite l’effondrement et moi j’évite de me casser l’arête du nez si je m’endors en le lisant.
Le nouveau livre de Delerm est composé de textes courts, comme ceux qui ont fait sa renommée. Cette fois il traque avec brio ces petites phrases qu’on dit sans réfléchir, comme « Quand on est dedans, elle est bonne » après une baignade téméraire ou « C’est vraiment par gourmandise » à la fin d’un repas copieux ou encore l’incontournable « C’était mieux avant ». Inutile de rougir plus qu’il n’en faut, qui n’a jamais prononcé une de ces phrases-là ? Un brin moqueur, Delerm épingle malicieusement nos petites manies oratoires et les décortique. Aucun de nos petits travers n’échappe à sa sagacité. Ses petits textes sonnent juste, en disent long et traduisent une lucidité et une finesse d’observation remarquables. Sensible et caustique à la fois, il nous dévoile son amour des mots, de leur musicalité. La forme chez lui est toujours parfaite. Léger, subtil et enlevé, le dernier Delerm est décidément bien troussé. Exquis florilège que ce miroir tendu vers nous.
Niveau: C1