L’adaptation de BD au cinéma est revenue à la mode. Aux États-Unis la série de films Marvel connaît un franc succès ; la France suit aussi cette tendance. Récemment, le réalisateur français Christophe Duthuron a choisi de donner vie à la bande dessinée « Les Vieux Fourneaux ».

Sortie de l’imagination des artistes Lupano et Cauuet, la BD raconte les aventures de trois septuagénaires : Antoine (syndicaliste à la retraite), Emile (ex-globe-trotteur séducteur) et Pierrot (anarchiste énervé). Le trio s’est formé sur les bancs de l’école d’un petit village du Tarn, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Au fil des années chacun a suivi une voie différente. Emile, poussé par sa passion pour le rugby, a voyagé aux quatre coins du monde sans jamais s’établir nulle part. Antoine, au contraire, est resté au village où il a mené toute sa carrière professionnelle dans la même entreprise. Tandis que Pierrot, guidé par ses convictions anticapitalistes, a refusé tout travail salarié.

Le récit met en scène ces trois personnages au crépuscule de leur existence, dans leur quête de vérité sur la vie de Lucette, la femme d’Antoine. Suite au décès de son épouse, Antoine découvre en effet qu’elle l'a trompé avec le patron de son entreprise. Blessé dans son orgueil, il décide de se rendre en Toscane pour se venger de l’ancien numéro un de la société. Ce dernier est également à la retraite et souffre de graves troubles de la mémoire.

« Les Vieux Fourneaux » est un road-movie des temps modernes. À bord d’une Autobianchi hors d’âge, Pierrot et Emile quittent Paris pour rejoindre Antoine dans le Sud de la France. Armé d’un fusil, celui-ci décide de faire cavalier seul. Sophie, sa petite-fille, et ses amis le suivent jusqu’en Italie pour l'arrêter.

Le trio de papys rebelles est terriblement attachant. Le spectateur suit avec plaisir ces vieillards qui n’ont pas fait le deuil de leur jeunesse. Ainsi, lorsque Pierrot tente de grimper seul un mur, son vieux corps l’abandonne. Heureusement, il peut compter sur Emile, l’ancien joueur de rugby à la retraite.

Cette comédie a également une dimension sociale, car elle aborde des sujets sérieux comme la lutte des classes et surtout le choc des générations. Sophie s’insurge contre un groupe de personnes âgées, et leur reproche d’avoir « sacrifié la planète », « affamé le Tiers-Monde » et « fait disparaître la quasi-totalité des espèces vivantes ».

Mais d’où vient le nom « Les Vieux Fourneaux » ? Lupano a trouvé le titre dans une chanson de Georges Brassens, « Le Temps ne fait rien à l'affaire ». Le texte traite du regard négatif que la jeune génération peut porter sur l’ancienne, et vice-versa. Ainsi le film dresse le portrait d’une génération qui, lorsqu’elle était jeune, dénigrait les « vieux ».