Les femmes du Panthéon
Le Panthéon de Paris est un monument de style néogothique qui date de l’époque de la Révolution.
En effet, en 1791 l’Assemblée nationale constituante avait pris la décision d’adapter l’église, à peine achevée[1] au cœur du Ve arrondissement, dans le Quartier Latin, pour en faire un temple destiné à accueillir les grands hommes ayant marqué l’histoire de France.
Sur son fronton triangulaire on peut lire l’inscription «Aux grands hommes, la patrie reconnaissante» et admirer un bas-relief[2] représentant la Patrie, entre la Liberté et l’Histoire, qui distribue les couronnes à plusieurs grands personnages : des philosophes, des savants, des écrivains ou des artistes… Mais parmi eux il n’y a aucune femme !
La seule femme sculptée sur la façade de ce célèbre monument est Sainte-Geneviève, patronne de Paris, dans un groupe en marbre, à gauche de l’entrée.
Par ailleurs, le Panthéon avait été conçu[3], à l’origine, en fonction du tombeau de la Sainte Patronne, qui aurait dû occuper le centre du bâtiment, sous la coupole.
Aujourd’hui, ce centre est vide et les femmes inhumées dans la crypte sont au nombre de cinq (alors que les hommes « panthéonisés » sont actuellement 73).
Mais qui sont ces femmes?
La première femme entrée au Panthéon, en 1907, est Sophie Barthelot, appelée aussi « l’inconnue du Panthéon », vu qu’elle y a fait son entrée uniquement au titre d’épouse d’un célèbre chimiste qui avait expressément demandé à ne pas être séparé de sa femme.
La deuxième femme entre d’une manière triomphale dans le « temple républicain » en 1995, lorsque le président de l’époque, François Mitterrand, décide que les cendres[4] de Marie Curie, double Prix Nobel de chimie et de physique, soient transférées au Panthéon avec celles de son mari Pierre, physicien et prix Nobel de physique lui aussi.
En 2015, parmi les quatre héros de la Seconde Guerre mondiale inhumés au Panthéon, il y a deux autres femmes : Germaine Tillion, ethnologue et résistante, et Geneviève de Gaulle-Anthonioz (nièce du Général De Gaulle), elle aussi résistante. Toutes les deux ont connu l’horreur des camps de concentration et se sont courageusement engagées dans l’une des périodes les plus sombres[5] de l’histoire.
En 2018, un an après sa mort, c’est Simone Veil qui trouve sa place parmi les « immortelles ». Il s’agit d’une femme qui a marqué le XXe siècle : première femme présidente du Parlement Européen, membre du Conseil Constitutionnel et de l’Académie Française, plusieurs fois ministre, figure emblématique du féminisme et elle aussi rescapée des camps de concentration. Par rapport à Sophie Barthelot l’histoire, avec Simone Veil, s’inverse : Antoine Veil, selon le souhait du couple (marié pendant 67 ans) entre au Panthéon uniquement au titre d’époux.
Au XXIe siècle, après tant de combats, la patrie est enfin reconnaissante aussi bien aux grands hommes qu’aux grandes femmes qui ont contribué à sa gloire !
Claudia Casazza
[1] Achevé(e) : terminato/a
[2] Le bas-relief : il bassorilievo
[3] Conçu : concepito (part. Passé de concevoir)
[4] La cendre : la cenere
[5] Sobre : scuro, oscuro, buio, tetro